L’autonomie énergétique, c’est quoi pour une ville comme Amiens ?

 Dans actu

L’autonomie énergétique, c’est atteindre sur un territoire donné un niveau de production d’énergies qui, sur une année, peut couvrir les besoins de ce territoire. Attention, elle ne doit pas être confondue avec l’autoconsommation, et encore moins avec l’autarcie qui permet de s’affranchir des réseaux de distribution. A l’heure de la transition énergétique, l’autonomie nécessite par essence de nouveaux modes de consommation, plus raisonnés et économes, et de production d’énergies, afin que celles-ci soient renouvelables ou récupérables. Dans le même temps, de nouveaux modes de distribution doivent apparaitre, changeant d’un système totalement centralisé à une multitude de systèmes décentralisés, pouvant être indépendants et auto-suffisants.

L’autonomie énergétique – Pourquoi ?

Le constat alarmant du dernier rapport du GIEC montre que pour enrayer l’augmentation de la température de la Terre, des actions concrètes et rapides sont nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5C et atteindre la neutralité carbone en 2050. Nous savons que les villes sont des moteurs primordiaux pour la croissance économique et le développement social. Elles sont aussi la clé de l’effort à faire pour adresser le problème du changement climatique ; en 2030 environ 5 milliards de personnes, soit 60% de la population globale, vivront dans les villes, nécessitant des besoins très importants en énergie (éclairage, chauffage, mobilité, etc.).De plus, la récente attribution du prix Nobel d’économie à William Nordhaus et Paul Romer, des pionniers de la « croissante verte » et de l’économie de l’innovation, respectivement, montre qu’il est dorénavant accepté qu’une stratégie focalisant sur ces thématiques peut réconcilier la question de l’urgence climatique avec celle de la croissance économique.

Ainsi, les villes doivent prendre leur destin en main, certaines ont déjà commencé[1][2][3][4], et Amiens fait partie de celles-ci.

L’autonomie énergétique – Comment ?

Pour une ville, devenir autonome en énergie consiste à trouver un équilibre entre la consommation énergétique et les capacités locales à répondre à cette consommation.Si de nombreux territoires ruraux se sont engagés dans des démarches 100 % énergies renouvelables de type « Territoires à Énergie Positive » en France comme en Europe, le phénomène est plus récent au niveau des territoires urbanisés.

Les grandes orientations d’une telle politique énergétique nécessitent un développement important des capacités de production des énergie renouvelables et récupérables(EnR&R), mais aussi des capacités de stockage de l’énergie, pour pallier au fait que la plupart des EnR&R sont intermittentes. Mais l’objectif d’autonomie implique aussi la réalisation d’économies d’énergie drastiques qui doivent être réparties sur plusieurs grands thèmes ; l’industrie, la mobilité, les bâtiments et les citoyens, et implique des changements de comportements importants. L’essor des réseaux électriques intelligentset de l’économie circulaire, et la modification des modes de déplacements sont des exemples d’actions qui doivent être mises en place pour y parvenir. Ainsi tout le monde a son rôle à jouer et de multiples actions doivent être menées pour sensibiliser, informer, et surtout permettre la mise en place d’actions concrètes et simplement réalisables.

L’autonomie énergétique – Quelles conséquences ?

Cette transformation est amenée à modifier nos habitudes en passant à une économie plus locale, avec des circuits courts, impliquant le plus grand nombre, bénéficiant à terme à l’économie locale et au territoire dans son ensemble.

En effet, dans cette démarche, les modes de production d’énergies qui doivent être mis en place devront être adaptés aux ressources du territoire (vent, soleil, géothermie, bois, hydraulique…), avec des unités de production plus petites et réparties sur tout le territoire. Pour se développer, il faudra compter sur des entreprises plus locales, sur les agriculteurs, sur les collectivités, sur les citoyens. Plus territoriales, ces systèmes permettent aux collectivités de se réapproprier les enjeux énergétiques et de prendre des décisions bénéfiques pour le plus grand nombre.

L’un des grands enjeux de cet objectif est aussi de relocaliser aux alentours des villes plusieurs types de compétences liées à ces thématiques. En effet les besoins en main d’œuvre qualifiée pour le montage, la mise en route, la maintenance, etc. des installations sont importants et doivent être à proximité des lieux d’implantation. Il en est de même pour les besoins de rénovation énergétique importants nécessaires aux économies d’énergie. Une étude de l’ADEME montre qu’en Hauts-de-France, des actions en faveur des EnR&R, de la mobilité et des bâtiments permettront la création de 46600 emplois supplémentaires d’ici 2050.

Il est évident qu’un tel changement des modes d’approvisionnement en énergies demande des investissements humain et financier non négligeables, mais il faut garder en tête que ce sont des investissements sur les moyen et long termes ; les bénéfices se ressentiront au bout de plusieurs années. Mais ils seront tels que l’effort à fournir peut sembler modéré quand on pense aux avantages qu’un territoire autonome peut avoir sur le bien-être de ses habitants, sur l’économie locale, sur l’emploi, sur le rayonnement du territoire et bien sûr sur la planète dans son ensemble.

Amiens et la transition énergétique

Amiens a déjà enclenché des actions pour limiter son empreinte énergétique ; le Plan Climat Air-Énergie Territorial (PCAET) est mis en place sur l’ensemble du Pole Métropolitain, et Amiens fut lauréat en 2015 du label Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV). La métropole veut également suivre la récente stratégie française pour l’énergie et le climat du gouvernement.

Mais Amiens, en collaboration avec Amiens Cluster, a également vocation à s’investir dans un programme encore plus ambitieux, plus innovant, plus impactant ; plus d’infos à venir en 2019…

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