DÉVELOPPEMENT DES TRAITEMENTS INNOVANTS, RETOUR EN IMAGES SUR LA CONFÉRENCE DU 2 OCTOBRE AU QUAI DE L’INNOVATION

 Dans actu

Le 2 octobre 2018, le Cluster le Bloc organisait une conférence sur « le développement des traitements innovants » avec le parrainage de France Biotech.  3 thèmes ont été abordés en l’espace d’1h30 par des intervenants passionnés.

1 : L’APPORT DES BIOBANQUES DANS LE DÉVELOPPEMENT DES THÉRAPIES INNOVANTES 

 

Yves-Édouard Herpe (Responsable opérationnel de la Biobanque de Picardie – CHU Amiens-Picardie)a présenté le concept des biobanques et leurs rôles. En effet, on observe depuis une dizaine d’année une augmentation significative du nombre de biobanques en France et dans le monde

Qu’est-ce qu’une biobanque ?

C’est une infrastructure privée ou publique qui collecte, stocke et met à disposition des échantillons biologiques et des données dans un but de recherche.

 

 

Pourquoi un tel essor ?

  1. Une incapacité à reproduire les résultats de la recherche du fait d’une qualité des échantillons biologiques discutable

Dans seulement 11% des cas, les résultats de la recherche clinique peuvent être reproduis (selon une étude de C. Glenn BegleyLee M. Ellis– Nature volume 483, 2012). La Biobanque répond à cette problématique en préparant des échantillons de très grande qualité grâce à des méthodes normées et exigeantes. Elle a d’ailleurs contribué à construire la Norme Française S 96 900 qui régit les bonnes pratiques de laboratoire de recherche. La Biobanque de Picardie est certifiée NF S 96 900 à l’échelle européenne depuis 2009.

  1. Une inefficacité des thérapies

L’efficacité de chaque traitement varie selon les patients (profil génétique, environnement, mode de vie…). Les biobanques donnent la possibilité aux chercheurs de prédire un degré de réponse aux traitements des patients sur la base des échantillons collectés (lien entre génotype et phénotype).

  1. Pour développer des modèles d’études innovants car différents des modèles animaux

La Biobanque s’intéresse au développement des organoïdes, qui sont en fait la reproduction miniature d’organes. Ils sont développés en laboratoire à partir de cellules souches humaines.Cultivées in vitro, ces cellules parviennent à reproduire des tissus se rapprochant de ceux d’un mini organe humain, grâce à des conditions de culture favorisant les processus comparables à ceux impliqués dans la formation d’un embryon.

In fine, les biobanques interviennent aux différentes étapes du cycle de développement d’un médicament (recherche fondamentale > recherche préclinique & transversale > recherche clinique > marché et pharmacovigilance) et participent à la mise en œuvre de la médecine personnalisée.

2 :  LA BIOPRODUCTION DE PROTÉINES RECOMBINANTES

Samabriva est une société de biotechnologie fondée en 2011 à Amiens. Sa mission consiste à développer des protéines recombinantes pour le traitement des maladies rares (plus précisément les maladies lysosomales). Florian Cardon (Responsable des opérations chez Samabriva)donnait en introduction la définition des protéines recombinantes qui sont en fait des protéines d’un organisme que l’on produit dans un autre organisme.

Quelles innovations ?

  • À partir de la plateforme RhizoBriva, un système d’expression permet de produire des protéines humaines à partir de plantes et de racines.

 

 

Pourquoi utiliser un organe de plante ?

  • Peu couteux : culture simple à base de nutriments et minéraux,
  • Non soumis aux contaminations,
  • Permet de produire des volumes relativement importants (200 litres pour le cas de Samabriva),
  • Permet de produire des protéines complexes (modification des propriétés des protéines).
  • La plateforme NanoBriva permet de faire passer les protéines recombinantes à travers la barrière hémato-encéphalique, qui isole le cerveau des molécules complexes.

Aujourd’hui, les seules possibilités pour administrer un médicament dans le cerveau sont très invasives (injections, ultrasons…). Samabriva a développé une technique beaucoup moins invasive qui permettrait de faire passer « naturellement » la molécule à travers la barrière hémato-encéphalique. La méthode est en cours d’évaluation exploratoire et les premiers résultats sont très concluants.

3 : LE DÉVELOPPEMENT CLINIQUE

Clevexel Pharma est une start-up parisienne fondée en 2013, incubée à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière. C’est une société pharmaceutique spécialisée dans les traitements innovants pour les pathologies du système nerveux central. Clevexel Pharma travaille aujourd’hui en collaboration avec des réseaux d’experts sur deux projets pour la maladie de Parkinson et deux autres pour l’immuno-inflammation.

Raphaël Haddad (Responsable des opérations cliniques)évoquait en début de présentation l’évaluation de la balance bénéfice-risque des médicaments. Il s’agit de vérifier leur sécurité d’emploi (posologie, effets indésirables, contre-indications…) et d’étudier leur efficacité sur les patients (effets sur l’organisme, mécanisme d’action…).

 

 

Développement clinique des traitements innovants – quelques enjeux d’actualité

  • Développer des nouveaux traitements à partir d’une cible prédéfinie, d’un criblage
  • Vérifier l’efficacité du traitement en s’intéressant à ce que dit le patient (carnet de bord, tablette…)
  • Mieux sensibiliser le patient en l’impliquant davantage :

L’exemple de la plateforme collaborative ComPaRe, créée en 2017 par l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et pilotée par le Centre d’Épidémiologie Clinique de l’Hôtel-Dieu. Elle rassemble une communauté de patients souhaitant faire progresser la recherche médicale sur les maladies chroniques. Les patients deviennent acteurs de la recherche médicale (Questionnaires mensuels, partage d’expérience, témoignages…). L’objectif principal est d’améliorer la qualité de vie et les soins apportés aux patients.

  • Collaborer avec les institutions, mutualiser les savoir-faire
  • Réaliser des analyses intermédiaires au cours de l’étude

 Quelques chiffres et tendances

Quel est le coût moyen de développement d’un médicament ?

Selon un centre américain, pour développer un médicament, il faudrait 3 milliards de dollars depuis la recherche jusqu’à la mise sur le marché.

68% des essais cliniques de l’industrie pharmaceutique française sont effectués à l’étranger.Pourquoi ?

La France est le pays qui bénéficie le plus d’aides à l’amorçage d’entreprises innovantes. Les start-ups peuvent alors profiter d’un environnement favorable pour entreprendre (Statut de Jeune entreprise innovante, Banque Publique d’Investissement, Programme d’investissements d’avenir, Crédit d’Impôt Recherche et Crédit d’Impôt Innovation).

Cependant, le développement de ces entreprises en devenir est ralenti par plusieurs freins à lever : le manque de financements au-delà de la phase d’amorçage rend la croissance des entreprises difficile. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé manque de ressources pour traiter rapidement les demandes d’autorisation de mise sur le marché des produits de santé, ce qui allonge la durée des procédures liées aux essais cliniques. Ces délais, très difficilement compatibles avec le cycle de vie des start-ups (qui sont contraintes de réduire au maximum le time to market de leurs produits) expliquent en partie pourquoi les entreprises françaises engagent peu d’essais cliniques en France pour l’évaluation de leur solution thérapeutique, alors que la France dispose de l’un des meilleurs systèmes de soins au monde.

Améliorer l’incitativité des hôpitaux à participer aux essais cliniques (aujourd’hui les principales ressources financières des hôpitaux sont issues des actes de soins – cf. tarification à l’acte) est également nécessaire, afin d’allouer davantage de ressources aux essais cliniques et renforcer l’attractivité des centres d’investigation clinique français.

Un exemple réussi et encourageant : France Biotech s’est associée depuis plus d’un an avec divers partenaires afin que les pouvoirs publics réforment urgemment le processus de sélection des Comités de Protection des Personnes (CPP).

Qu’est-ce qu’un CPP ?Agréé par le Ministre chargé de la santé, il est chargé de formuler un avis préalable sur les conditions de validité de tous projets de recherche biomédicale portant sur les médicaments et les dispositifs médicaux impliquant la personne humaine.

Jusqu’alors, un tirage au sort était effectué pour répartir les dossiers des CPP, ce qui était jugé contreproductif car cela générait des comités non spécifiques (à certains traitements…). Face à ce phénomène croissant de délocalisation des essais cliniques, France Biotech peut aujourd’hui se féliciter de la publication de la loi n° 2018-892 du 17 octobre 2018 qui réforme la procédure de choix des CPP chargés d’évaluer les essais cliniques.

Le 13/11, assistez à la conférence du Cluster le Bloc « Valeur de vos données de santé : qui la détient ? » avec Care Insight au Quai de l’innovation ! Inscription : https://amienscluster.com/events/esante/

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